Bac de Philo : corrigé

C'était hier, donc j'ai un peu plus de recul maintenant pour vous proposer un corrigé sur le sujet suivant : "que devons-nous à l'Etat ?".

Tout d'abord, lorsqu'une question comme celle-ci est posée, la première chose à faire est de tracer deux colonnes. En effet, vous pouvez sans doute avoir une excellente note avec un plan expliquant tout ce que l'Etat nous apporte... Mais ne pensez-vous pas avoir oublié quelque chose ? Ne peut-on pas dire que l'Etat ne nous apporte rien ? Donc que nous ne lui devons rien ? C'est pourquoi faites une liste avec dans une colonne les raisons qui nous poussent à dire que nous ne lui devons rien, et l'inverse dans l'autre.

Je ne sais pas combien vaut ce corrigé en notes, mais si je n'étais pas sûr qu'il réponde un tant soit peu à la question, je ne vous le proposerai pas ! Le style est certes télégraphique, mais l'idée passe (j'espère..).

Que devons-nous à l'Etat ?

Introduction
"L’Etat c’est le mal, mais un mal historiquement nécessaire, aussi nécessaire dans le passé que le sera tôt ou tard son extinction complète." (Bakounine). Ensuite on peut partir sur le fait qu'il reconnaît que l'Etat doit mourir donc c'est qu'on ne lui doit rien, mais si même un penseur anarchiste pense que l'Etat fut "nécessaire", c'est bien qu'il nous apporte quelque chose. Donc que devons-nous à l'Etat ? Ne lui devons-nous strictement rien ou au contraire absolument tout ? L'Etat est-il juste une présence rassurante garantissant nos biens matériels ou cette dimension n'est-elle pas trop réductrice, l'Etat nous donnant de nombreux biens immatériels ? Annonce du plan.

I / Rien !

1) L'Etat nous prive de liberté
Rousseau et le "contrat de servitude" (pour qualifier le contrat social de Hobbes) ; prisons et "chain gangs" ; dérives de l'Etat (totalitarisme, despotisme, tyrannie et dictature) ; "l'Etat c'est moi" (Louis XIV, Staline).

2) L'Etat est une force destructrice
Argument factuel : les Etats se font de tout temps la guerre entre eux, force au service des puissants contre dirigés.

3) L'Etat, une institution néfaste quelle que soit sa forme car elle pervertit l'humanité
Stirner : "toute République est une tyrannie" ; corruption qu'apporte la société à un homme naturellement bon (Rousseau), qui le fait passer du "aidez-moi" au "aimez-moi" et consacre la naissance de "l'amour propre".

4) Agent dont les interventions sont infondées, inefficaces et sources de dégâts
Thèse économique libérale ; "main invisible" de Smith ; asymétrie de l'information.

Transition : thèse sans doute trop extrémiste car si c'était véridique, l'Etat aurait disparu depuis longtemps.

II / L'Etat nous apporte une garantie et une offre de biens matériels

1) La sécurité intérieure
Séparation des pouvoirs de Montesquieu ; Etat "Léviathan" (Hobbes) ; "monopole de la violence légitime" (Weber).

2) L'édification d'infrastructures
Facilitent notre vie, nous font faire des économies ; Homme "perfectible" alors qu'animal "parfait" donc besoins de dispensaires médicaux pour survivre plus longtemps ; rôle que lui reconnaissent les libéraux, pour les infrastructures et d'autres investissements comme la recherche fondamentale.

3) L'Etat est un rempart contre les imperfections du marché
"Protectionnisme éducateur" de List, Keynes, Veblen.

4) L'Etat nous protège nous et nos biens
Protection contre agressions d'autres Etats (sécurité extérieure) ; Etat providence (Beveridge, 1942) ; important car la société démocratique est "foncièrement matérialiste" (Tocqueville).

Transition : thèse trop réductrice du rôle de l'Etat.

III / L'Etat nous permet une élévation vers des biens immatériels

1) La présence de l'Etat permet un apaisement des relations entre Hommes
Justice vengeance ; la démocratie fait vivre et institutionnalise les conflits et doit permettre un dialogue apaisé car les mots sont des "pistolets chargés" (Parrain) ; égalité en droits et en devoirs (DDHC).

2) Une possibilité d'ascension et d'accomplissement personnel
Pyramide des besoins de Maslow ; par l'éducation nous pouvons accroître notre "capital humain" (Becker) et donc prétendre à une ascension sociale et intellectuelle ("frotter et limer sa cervelle" contre celle des autres pour Montaigne), éducation permettant également de pallier à l'abrutissement produit par la division du travail (Smith).

3) Nous devons à l'Etat notre statut d'Homme et la notion d'humanité
Lévi-Strauss : "la notion d'humanité est d'apparition fort tardive et d'expansion limitée", elle fut conquise par le christianisme et la démocratie.

4) L'Etat nous fait accéder à la liberté
Etat civil ≠ licence généralisée de l'état de nature ; multiples libertés : commerce, circulation, presse, parole, etc. même si ce n'est pas véridique dans tous les pays ; la fin de l'Etat est la liberté et non la sécurité (on est en sécurité en prison..) ; si la liberté est "l'obéissance à la loi que l'on s'est prescrite" (Rousseau) et que la loi est "l'expression de la volonté générale" (Article 6 de la DDHC), alors la liberté est l'obéissance à la loi de l'Etat ; l'Etat nous fait accéder à l'autonomie.

Conclusion 
S'il est donc possible de considérer que nous ne devons rien à l'Etat, il est néanmoins difficile de nier l'ensemble des biens tant matériels qu'immatériels que l'Etat nous procure. Si cette ambiguïté peut se lire chez Merleau-Ponty lorsque le philosophe déclare "tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme", il semblerait que le "fabriqué" et le culturel prennent le pas sur le "naturel", ce qui par conséquent accroît d'autant les possibilités que nous offre l'Etat pour augmenter notre "conatus". Si nous devons beaucoup à l'Etat, ce que nous devons à l'Etat, nous le devons également à autrui.

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